C'est par le geste que se creuse le pot.
Balles de grès
Apprentissage des gestes du tournage
A chacun son mode d’apprentissage du tour : par le regard ou par les mots. Quoiqu’il en soit, c’est par le geste que se creuse le pot. Tout d’abord, dans l’apprentissage du tour, la main conduit la balle de grès ou de porcelaine, à centrer à pleine vitesse sur le tour.
Balle de grès sur la girelle
Centrage de la balle de grès
Geste de centrage
Ensuite, la terre se rassemble dans une énergie centripète que le tourneur concentre par ses mains au centre de la girelle du tour. D’une pression latérale et horizontale de la main droite, la balle d’argile s’élève et cherche une issue par le haut en s’allongeant comme une quille. D’une pression verticale de la main gauche, la quille se rassemble et s’abaisse sur la girelle sur laquelle elle se transforme en galette. De ces gestes, il ne faut point abuser au risque de fatiguer la terre.
Balle de grés centrée
Terre battue en spirale
Gestes de préparation de l’argile : battre la terre
C’est pourquoi l’apprentissage prévoit de faciliter au préalable le travail de la terre par les gestes de la main qui battent la terre. Celui du « bélier » pour les petits poids, celui de la spirale façon « coquillage » pour les plus gros ou encore celui de la vis de la boudineuse pour le travail en série. C’est toujours le geste de rotation qui organise le plus intimement la structure de la terre qu’on évitera ainsi de prendre de travers.
Percement de la balle de grès
Geste de percement et de première montée de terre
Le tournage requiert beaucoup d’attention et de concentration, aussi bien celle de l’apprenti observateur que celle du tourneur. Après le percement de la balle de terre, la pièce s’élargit puis grandit de la vague que lui auront imprimée les mains dans leur mouvement conjoint.
Le tourneur doit varier sa vitesse. Plus la pièce s’élargit, plus la vitesse devra s’en tenir à une plus lente caresse, de crainte qu’une trop grande vitesse, par la force centrifuge ne projette sur le mur, la paroi de terre jusque là méritée. En revanche, pour tirer au plus vite le pot serré dans sa hauteur, d’un mouvement synthétique, les mains s’accommodent d’une vitesse plus dynamique qu’il faut néanmoins calmer à la cime du pot, sur la lèvre. La première montée synthétique s’achève en forme de cône ou de cheminées aux parois d’abord convexes qui s’inversent ensuite en parois concaves lors de la seconde montée, pour former la cheminée.
C’est l’intimité des gestes et de la matière qui nous touche dans le travail du tour.
Au-delà du tour et de la pièce tournée, le travail au tour doit apporter le plaisir de tourner. C’est beaucoup de soi-même que l’on met dans cet exercice. Cet exercice vous le rend en réconciliant votre corps et votre esprit, si d’aventure, ils étaient fâchés.
Percement et préparation de la première montée
Geste synthétique de la première montée du cône
Ébauche de la cheminée ou du cône
Vague de dernière tirure d'argile
L’apprentissage du tournassage
Un bon apprentissage du tournage limite le travail du tournassage qui se restreindra à rectifier le pied de la pièce, en utilisant un outil tranchant pour enlever des copeaux de terre dureté cuir, sans toucher à la robe qui doit rester spontanée. Ainsi, la pièce s’en trouve plus dynamique par le contraste entre les deux.
Au-delà de la pièce tournée : le geste
Au-delà de la pièce tournée, le plaisir est dans le geste et sa spontanéité. C’est ce que l’apprentissage de la poterie vous propose avec le tour. Dans l’apprentissage, le tour n’est que la force motrice. Ce sont vos mains qui sont le véritable outil et maître d’oeuvre. Plus vous tournerez spontanément vos pièces, plus elles vous le rendront esthétiquement, en témoignant du travail de vos mains.
Le tournage: un exercice de maîtrise et de détente
Tourner rapidement est souhaitable pour les terres thixotropes telles que la porcelaine. En effet, la capacité de ce matériau à changer de texture, son importante mémoire de forme, conservent les approximations et errements du tournage, d’où l’importance de la tourner rapidement et le mieux possible.
L’apprentissage du tour implique et engendre beaucoup de détente chez le tourneur. Ainsi, nous venons chercher ce à quoi nous aspirons : une certaine détente. Une « tirure » d’un seul mouvement en respirant vaut toujours mieux qu’une « tirure » en apnée plus tendue. Le tournage est un exercice de maîtrise corporelle et de respiration, très satisfaisant quand on progresse dans sa maîtrise.