Potier en Bretagne
De la philosophie à la terre
Étudiant à Paris, j’ai d’abord entrepris un cursus de philosophie et de lettres. Mais toujours attiré par le travail de la terre, je me suis rendu chaque semaine dans les années 90 dans l’atelier du potier Augusto Tozzola, à Arcueil, en banlieue parisienne. C’est là que j’ai appris à tourner. Italien, originaire de la ville de la faïence, Faenza, Augusto Tozzola, à la vitalité extraordinaire, fournissait à une époque, nombre de biscuits en faïence dans la France entière que d’autres potiers émaillaient. Dans les années 80, il cesse son activité de production et s’adonne avec générosité aux cours de poterie axés pour l’essentiel sur le tournage, sa spécialité.
Parallèlement au cours de tournage, j’ai suivi une formation en facture d’émaux chez Hélena Klug, C’est bien après, quand j’ai lu Le livre du potier de Bernard Leach, que j’ai su qu’elle avait été son élève. Grâce à elle, j’ai pris conscience d’une certaine esthétique bien différente du design qui longtemps m’a séduit. Je pensais en terme de prototype visant la « perfection », digne d’être reproduite en série par une machine. Avec Héléna Klug, j’ai appris à fabriquer mes émaux mais j’ai aussi pris goût à l’épure des formes simples, aux techniques traditionnelles d’émaillage par trempage.
Potier en Bretagne
Après avoir vécu et travaillé à Paris, je me suis installé en Bretagne, à Séné, dans le Morbihan. Proximité de la mer, variation de la lumière, paysages naturels et sol granitique puis argileux sont source d’inspiration pour la production de poterie. Cet environnement modèle le regard et incite à produire dans le même esprit que la nature.
La diversité des argiles récoltées localement, ça et là, contribue à la variété des glaçures. Les terres ne sont jamais tout à fait identiques. La richesse des résultats est autant le fait de la nature que du potier qui œuvre avec elle, main dans la main.
Je travaille la porcelaine, mais ma préférence va plutôt au grès, expression de la diversité. En effet, si la porcelaine séduit, c’est par sa pureté, parfois même sa translucidité. Issue de l’érosion d’une roche primaire en amont des cours d’eau, elle est restée plus pure et plus sédentaire que sa cousine l’argile sédimentaire, enrichie par ses pérégrinations, ses rencontres et ses métissages : l’oxyde de fer et les autres minéraux lui donnent sa couleur, les rencontres végétales et organiques lui confèrent ses qualités plastiques avant de se reposer dans son lit d’argile.
Heureuses rencontres, puisque la Bretagne propose les deux argiles, la sédentaire et la voyageuse.